Picasso et la Préhistoire

Les premières peintures préhistoriques sont découvertes en Espagne à la fin du XIXe siècle. Mais il faut attendre le début du XXe siècle pour qu'elles soient authentifiées comme le témoignage d'un art pariétal paléolithique original. C'est une sacré découverte pour les archéologues, mais aussi pour les artistes de l'époque. Un monde s'ouvre à eux : ces oeuvres si anciennes paraissent d'une modernité incroyable ! La Vénus de Lespugue par exemple est découverte en 1922. C'est un choc, à une époque déjà marquée par les expérimentations cubistes et surréalistes. On ne sait si Picasso a visité les sites archéologiques mis au jour durant cette période, mais les expositions et les publications sont nombreuses et lui donnent accès à un large catalogue d'oeuvres préhistoriques.

Voici les oeuvres qui plairont aux enfants dans l'expo :

Corps modelés
À l'entrée, vous serez accueillis par un tableau fascinant : Femme lançant une pierre. Très tôt, Picasso possède des moulages de la Vénus de Lespugue que l'on peut voir dans une vitrine, et dès 1927, il produit des dessins, des peintures et des sculptures proposant une nouvelle représentation du corps féminin. Ici, une créature féminine étrange évolue dans un monde préhistorique un peu inquiétant, désert, où dominent la pierre et l'os. La Préhistoire telle qu'on l'imaginait à l'époque.
Contournez la vitrine avec les enfants pour voir une photo de l'atelier de Picasso : sur les étagères deux répliques de la Vénus de Lespugue, un squelette de chauve-souris ou encore un fragment d'une statue de l'Ile de Pâques ! C'est Brassaï, ami et photographe, qui a immortalisé cette curieuse collection d'objets où l'artiste puise son inspiration.

Bestiaire et grands décors
Saviez-vous que Picasso possédait aussi une collection de crânes d'animaux et d'ossements ? Vous en verrez ici quelques exemplaires étonnants. Tout aussi inattendue est cette photo de Picasso par Dora Maar, où l'on voit l'artiste brandir un crâne de boviné, la bouche ouverte, sur une plage de Juan-les-Pins !
Picasso s'inspire des peintures rupestres (la grotte d'Altamira par exemple), des galets ou os incisés. Dans le tableau L'acrobate bleu, il manifeste la même liberté d'exécution que les artistes préhistoriques dans leurs fresques d'animaux, où le relief de la roche donne une impression de mouvement.

Empreintes et abstraction
Picasso continue de marcher dans les pas de nos ancêtres : il fait de sa main un sujet. À côté de photos d'empreintes de main préhistoriques, vous pourrez voir une empreinte de main de Picasso. Un acte créateur qui remonte aux origines de l'homme. De même, l'expo fait le lien entre motifs gravés dans la roche préhistorique et graffitis contemporains.

Objets trouvés
Picasso ne se contente pas de prolonger les gestes du passé, il détourne aussi certaines oeuvres, comme ces galets où sont gravés de drôles de visages. Amusant ! De simples galets, ramassés sur les plages du sud de la France, qui en quelques gestes de talent deviennent un galerie de portraits ou de fétiches fascinants. Ça devrait donner des idées aux enfants !

Déesses primitives
Ici sont exposées en parallèle des moulages de Vénus préhistoriques et des sculptures de Picasso. Avec les enfants, concentrez-vous sur la Vénus du gaz. Créée à partir d'un brûleur de gazinière en position verticale, ce drôle d'objet était qualifié de "déesse des temps modernes" par l'artiste. Simple et terriblement efficace, ce détournement permet aux enfants de comprendre très simplement la démarche et le travail de Picasso.