André Devambez. Vertiges de l'imagination

Le parcours de l'expo est à la fois chronologique et thématique. L'oeuvre d'André Devambez étant plutôt foisonnante, on vous recommande de suivre le livret-jeux.

On commence par les débuts d'André Devambez. Son portrait souriant à l'entrée de l'expo est une super idée, on a tout de suite envie de connaître ce monsieur qui a l'air de rudement bien s'amuser !
La première section de l'expo explique sa jeunesse : fils d'un imprimeur, André Devambez montre très tôt des aptitudes pour le dessin. Son père l'encourage donc à suivre des études à l'école des Beau-Arts. Et il est doué ! Il recevra de multiples honneurs de son vivant : prix de Rome, professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts, académicien, commandeur de la Légion d'Honneur. Les enfants pourront observer un tableau qui représente l'imprimerie du papa, où se croisent avec humour les plus grandes célébrités de tous les temps : on y voit pêle-mêle Victor Hugo, François Ier, Sarah Bernhardt, ou encore Louis XIV qui donne sa carte de visite à Napoléon ! Et ils ont tous, littéralement, la grosse tête !

À Paris, André Devambez aime s'inspirer de sa famille : il en fait de très beaux portraits. Il aime aussi observer la vie parisienne : il peint la foule du métro (déjà) coincée à l'étroit sur le quai, les habitués des cafés, le public des spectacles. Il les représente avec humour et sous tous les angles. Pour les enfants, c'est un peu comme une BD ! On observe les expressions, les petits détails, les gens qui s'ennuient ou font de drôles de têtes.

Il se passionne aussi pour les inventions modernes : le téléphone, la photo, le cinéma, l'automobile, les bus à impériales, les dirigeables... Il peindra toutes ces inventions dans un décor resté célèbre, qui orne le salon de réception de l'ambassade de France à Vienne. Il est particulièrement passionné par les avions : il va sur les aérodromes pour les observer et peint des tableaux aux cadrages vertigineux, où l'on voit ces avions en plein vol. Il deviendra d'ailleurs peintre officiel du ministère de l'Air.
En 1900, Paris est aussi envahie par la circulation. Alors André Devambez imagine dans ses tableaux d'étranges engins de locomotion, qui pourraient faciliter la vie des habitants et éviter les bouchons : le Dirigeablobus (un bus volant), ou l'Aérotaxi, mi-taxi mi-avion !

André Devambez peut aussi être sérieux : il témoigne par exemple des événements du début du XXe siècle. Il se mue en reporter de la Commune, de la guerre en Extrême-Orient en 1904 et bien sûr de la Guerre de 14-18, dont il revient blessé. Dans La Charge, on a une vue plongeante et saisissante sur un assaut, donné dans la rue par des agents contre des manifestants. Il semble que la foule va sortir du cadre... Cette section plus réaliste ne fait pas partie du livret des enfants, mais les parents pourront quand même y jeter un oeil !

Mais l'imagination débordante d'André Devambez n'est jamais bien loin. Il s'inspire de romans connus, comme Les Misérables de Victor Hugo, ou les Voyages de Gulliver de Jonahan Swift. Il ose pour ce dernier un jeu d'échelle original, avec Gulliver en géant, cerné d'un peuple grouillant et minuscule de liliputiens. Il s'inspire aussi de contes (Le Petit Poucet, Barbe Bleue, Le Petit Chaperon Rouge...) pour réaliser cette fois de minuscules tableaux de quelques centimètres, dont il fabrique lui-même les cadres ! Ses "Tout-petits" comme il les appelle. Tous rassemblés sur un mur, ils constituent pour les enfants une sorte de cherche et trouve géant. À vous de reconnaître chaque histoire !

Enfin, André Devambez s'est épanoui dans l'illustration. Journaux, revues, ouvrages divers et variés, cartons d'invitations, menus, affiches publicitaires... et même des produits dérivés ! Il laisse libre cours à son humour et croque ses contemporains avec une fantaisie réjouissante. Aux côtés de Benjamin Rabier, il dessine des contes pour faire la réclame de la Phosphatine Falières, une bouillie à base de céréales enrichies. On y retrouve des bébés célèbres : Louis XIV, Napoléon ou Victor Hugo en train de se délecter de cette bouillie ! Il fait aussi des affiches publicitaires, pour les Galeries Lafayette par exemple. On peut même voir un curieux service à dessert où, dans le rond de chaque assiette, André Devambez a représenté des thèmes de la vie quotidienne : le dîner de famille, la plage, le cirque, le bal, le bord de l'eau...

L'expo se conclut par deux oeuvres étonnantes : un tableau d'abord, l'Exposition (Universelle) de 1937 vue du deuxième étage de la Tour Eiffel. Là encore, le cadrage est vertigineux et la foule qui se presse ressemble à un peuple de fourmis...
Mais celui qui nous a beaucoup amusés, c'est Auguste ! La dernière salle présente un album pour enfants entièrement écrit et dessiné par André Devambez, dont le héros est Auguste, un tout petit garçon à la mine renfrognée, qui fait beaucoup de bêtises. Il écoute aux portes, mange avec ses doigts, ouvre les robinets, détraque la pendule et malmène ses jouets. Mais ceux-ci vont bientôt se révolter et le poursuivre dans ses rêves, jusqu'à ce qu'il fasse amende honorable.
C'est aussi dans cette salle que vous pourrez exercer vos talents artistiques avec les enfants et colorier les personnages de l'expo sur une grande frise. En cherchant bien, vous y retrouverez Auguste !