L'expédition

Tout commence en 1785 : Louis XVI lance une ambitieuse expédition dans le Pacifique, qu'il confie à La Pérouse. Le but : explorer ce gigantesque océan. Deux frégates : l'Astrolabe et la Boussole partent de Brest, et dans un premier temps tout se passe bien. Le cap Horn, l'Ile de Pâques, Hawaii, la Californie, l’Alaska, la Chine, le Japon, les îles Samoa, l'Australie... L’expédition rencontre des difficultés, vit bien des aventures, mais progresse toujours. La Pérouse envoie régulièrement des lettres, pour raconter ses découvertes. Cependant, à partir de février 1788, plus rien... On n'aura plus jamais de nouvelles de La Pérouse. 

En 1791, on envoie une expédition de secours, pour retrouver d'éventuels survivants. Mais toujours rien... On ignore les lieux et causes du naufrage. Et alors même qu'il montait à l'échafaud, Louis XVI aurait demandé : "A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ? »...

Il faudra attendre 1827 pour retrouver l'épave de l'Astrolabe. Et 1964, pour retrouver celle de la Boussole. Mais que s'est-il donc passé ? Début XIXe, une rumeur court : des médailles de La Pérouse seraient entre les mains d'indigènes de l'archipel de Vanikoro, au nord-est de l'Australie. Une fois sur place, l'explorateur anglais Peter Dillon découvre effectivement l'épave de l'Astrolabe. C'est bien là que s'est terminée l'expédition. Et les indigènes racontent : pris dans un cyclone, les deux bateaux se seraient échoués sur les récifs. Il y avait des survivants. Certains seraient repartis. Et parmi ceux qui sont restés sur l'île, le dernier d'entre eux serait mort juste avant l'arrivée de Dillon...

Au XXe siècle, nouveau coup de théâtre ! Grâce à des campagnes de fouilles en 1999, on finit par retrouver des vestiges du camp des survivants sur l'île. Et en 2003, on remonte un squelette de l'épave de la Boussole ! Le mystère La Pérouse est enfin élucidé, plus de 200 ans après son naufrage.

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L’incroyable voyage de Monsieur de Lapérouse

Sophie Humann, Emmanuel Cerisier, éditions Gulfstream, 2015.

Pour qui ? : à partir de 8 ans.

Résumé : cet album illustré est génial, il raconte toute l’expédition, des préparatifs au port de Brest jusqu’au naufrage, quelque part au large de l’Australie. Une fois commencé, difficile de le lâcher, car il nous embarque littéralement ! Après une brève présentation du contexte, de l’itinéraire sur une carte, des membres de l’équipage, ainsi que des savants et artistes présents à bord, le récit démarre.

Louis XVI est à son bureau, à Versailles, il réfléchit. Admirateur de James Cook, le grand explorateur anglais, il souhaite lui aussi organiser une expédition dans le Pacifique pour établir des cartes fiables et concurrencer le commerce anglais. Pour diriger cette expédition, il pense à Jean-François de La Pérouse.

De la France à l’Australie, toutes les étapes de l’expédition sont détaillées dans le livre. Les préparatifs à Brest d’abord : un inventaire impressionnant de tout ce qu’il faut emporter à bord. Des vivres : 200 poules, 20 cochons, 30 moutons, et 5 vaches qui ruminent tranquillement sur le pont ! Sans parler des fruits, poissons séchés, et autres légumes, avec 180 000 litres de vin et d’eau. À cela s’ajoutent des cadeaux à échanger avec les indigènes, des livres, des outils, des instruments scientifiques et de navigation, des graines, des serres portatives, etc. Ensuite, on lève l’ancre pour le grand voyage. L’expédition connaîtra des succès, mais aussi des revers, comme en Alaska où un accident coûte la vie à 16 membres d’équipage, ou aux Iles Samoa où ils se retrouvent en proie à l’hostilité des indigènes.

Il faut aussi compter avec les fatigues de la traversée du Pacifique, des semaines sans voir la terre, le climat difficile, des brumes glacées de l’Alaska aux moussons en allant vers Macao, et la menace du scorbut qui plane. Les scientifiques feront leur lot de découvertes et d’études : des plantes, arbres et animaux méconnus, les statues de l’Ile de Pâques, les gigantesques crabes de l’Ile Necker, les coutumes des peuples rencontrés, ou encore le volcan de Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Cette expédition devait durer 4 ans. Mais elle prendra fin au large de l’Australie, dans un mystérieux naufrage. 

Les illustrations de ce livre sont belles, et les textes d’une grande qualité. Écrits par Sophie Humann, ils sont à la fois très riches et faciles à lire. On apprend une foule de choses sur la navigation, les bateaux de l’époque et la vie en mer. Saviez-vous que la marine disposait à cette époque de « cucurbites », des machines capables de distiller l’eau de mer pour la rendre potable ? Et que l’on installait sur le pont de petits moulins à vent pour faire de la farine ? Vous saurez même ce que les marins mangeaient au petit-déjeuner (et ça inclut un grog) ! 

En résumé, on a adoré ce livre, qui est parfaitement maîtrisé de bout en bout, et met à la portée des enfants un fantastique récit de navigation.

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Naufrage à Vanikoro. L'expédition de La Pérouse.

Pascale Perrier, Isabelle Delorme, Oskar éditeur, 2021.

Pour qui ? : à partir de 9 ans.

Résumé : ce petit roman complète le précédent livre, car il raconte la fin de l’histoire, c’est-à-dire ce qui s’est passé après le naufrage. Une fin aussi tragique que le reste de l'épopée, mais qui est longtemps restée un mystère. Un mystère dont vous aurez ici la clef, sous une forme romancée.

Le récit débute sur l'île de Vanikoro, à travers les yeux de Livomo, un petit garçon indigène. Il assiste au naufrage des bateaux, l’Astrolabe et la Boussole, lors d’une violente tempête, et rencontre bientôt les rescapés. Il se liera d’amitié en particulier avec l’un d’entre eux, Étienne. Tous les rescapés repartiront à bord d’une embarcation de fortune au bout de quelques mois. Sauf Étienne. Jugeant le projet voué à l’échec, il préfère rester et attendre d’éventuels secours. On vous laisse découvrir la suite ! Le roman est passionnant.

Les plus : à la fin, des pages documentaires expliquent les détails de l'expédition, de la préparation du voyage aux dernières fouilles sous-marines.