L'incroyable voyage de l'obélisque de Louqsor à Paris

Guillaume Calafat, David Giraudon, Éditions du patrimoine, 2022 - 14,90 euros.
Ce livre est édité à l'occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion et de la fin des travaux de restauration de l'obélisque.

À partir de 8 ans.

Le récit débute à Louqsor en Égypte : une petite fille, Élisa, visite le grand temple d'Amon avec sa famille, lorsqu'elle tombe sur un obélisque. Elle se pose des questions sur son origine et... surprise ! L'obélisque lui répond ! Il lui raconte son histoire.

Jadis, il avait un frère jumeau, juste à côté de lui. Ils gardaient ensemble le temple du dieu soleil. Ils sont restés là plus 3000 ans !

Mais tout bascule au XVIIIe siècle et surtout au XIXe siècle, quand les Européens s'intéressent à l'Égypte. Elle devient à la mode ! La culture égyptienne nourrit la création artistique en Europe. Et en 1822, coup de théâtre, Champollion parvient à déchiffrer les hiéroglyphes ! Nommé responsable des collections égyptiennes au Louvre, il se rend en Égypte en 1828, à la recherche de nouvelles pièces pour le musée.

Impressionné par les obélisques de Louqsor, il rêve de les emmener en France. À l'époque, le gouverneur de l'Égypte, Mehmed Ali, cherche l'appui de grandes puissances. Il offre les deux obélisques à la France. Démarre alors un projet un peu fou : transporter l'un de ces obélisques par bateau jusqu'à Paris. Des ingénieurs de l'École Polytechnique sont mobilisés pour concevoir un navire spécial, qui puisse emmener ce monument de 23 mètres de haut. Une sacrée prouesse technique !
Au terme d'un voyage épique de 9000 km (1 an et 4 mois !), l'obélisque arrive enfin à Paris. Il est érigé place de la Concorde. L'endroit n'est pas choisi par hasard : Louis XVI et Marie-Antoinette ont été guillotinés sur cette place. En érigeant un monument étranger à l'Histoire de France, on espère en faire un symbole de paix et éviter les querelles de mémoire.

Le second obélisque, lui, ne sera jamais déplacé et demeurera à Louqsor. Sa propriété a été restituée à l'Égypte en 1981, par François Mitterrand. Les deux frères resteront séparés.

Le récit est passionnant, détaillé, mais reste toujours fluide. Il est bien adapté à des enfants et on découvre avec intérêt l'histoire de ce monument, qui a connu bien des tribulations.
Adopter le point de vue des obélisques et en faire des personnages est une très bonne idée. L'histoire n'en est que plus captivante et les enfants peuvent imaginer leurs émotions, vivre avec eux leurs aventures.

Côté illustrations, on a beaucoup aimé les aquarelles de David Giraudon. Elles donnent l'impression de compulser un véritable carnet de voyage, de marcher dans les traces des voyageurs et savants du XIXe siècle, et d'être un véritable explorateur de l'Histoire. Les scientifiques utilisaient l'aquarelle pour fixer les souvenirs de leurs voyages et leurs découvertes. Et ici, comme par le passé, l'art graphique se met au service de la science : les illustrations nous projettent dans le passé et aident en même temps les enfants à comprendre le texte. Elles se transforment parfois en un schéma explicatif (l'abattage de l'obélisque) ou une carte pour retracer le voyage de Louqsor à Paris. Elles font de ce livre un bel objet, qu'on a plaisir à feuilleter.

Mais le voyage n'est pas fini ! À la fin du livre, on trouve des pages documentaires : elles apprennent aux enfants à déchiffrer les hiéroglyphes gravés sur l'obélisque, et racontent comment Champollion a percé le mystère de cette écriture. Une petite mise au point qui complète parfaitement le récit.
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« [...] Il l'a fait pour lui, le fils de Rê : Ramsès-Mériamon, puisse-t-il vivre à jamais ! »

^{Extrait de l'inscription en hiéroglyphes sur l'obélisque de la place de la Concorde.}