L'incroyable aventure de Saint-Exupéry, le prince des airs

Raphaël Martin, Victor Chagniot, collection "Les romans-doc aventure", éditions Bayard jeunesse, 2022 - 6,90 euros.

Pour qui ? : À partir de 7 ans.

Résumé : Mais qui était vraiment Antoine de Saint-Exupéry ? Connu pour avoir écrit Le Petit Prince, c'était aussi un pilote hors-pair, pionnier de l'Aéropostale, héros de guerre et une sacré tête brûlée. Ce petit roman raconte la vie du grand homme, une épopée incroyable qui passionnera les enfants.

Tout commence en 1912, le petit Antoine a 12 ans et il vole pour la première fois. Un vol d'essai, riche en émotions, qui le convainc d'une chose : son avenir est dans un avion ! Il devient  pilote en 1922 lors de son service militaire et il est très vite engagé par Pierre Latécoère, directeur de la future Aéropostale, pour transporter le courrier. À cette époque, son seul exploit, c'est d'avoir écrasé un avion au Bourget et pratiquement tué son lieutenant ... Mais sa carrière brillante commence, tant dans l'aviation que dans la littérature.

Première mission : Cap Juby, au Maroc, où il veille à la sécurité des pilotes qui y font escale. C'est aussi là qu'il apprivoise un renard des sables, un fennec. Une amitié dont il s'inspirera pour écrire Le Petit Prince 15 ans plus tard. Étape suivante, il lance avec Mermoz les premières lignes de l'Aéropostale à travers l'Amérique du Sud, au-dessus de la Cordillère des Andes. Ces montagnes sont cruelles, les voyages périlleux et les accidents réguliers, comme l'expérimentera Guillaumet (voir ci-dessous). Dans les années 30, il rentre en France et se lance vite dans un nouveau défi : battre le record de Paris-Saïgon en avion. Mais Antoine a mal préparé son voyage, il s'écrase dans le Sahara libyen, où il sera sauvé d'une mort certaine par les Bédouins. Au début de la Seconde Guerre Mondiale, l'armée ne veut pas intégrer Antoine, trop abîmé à 39 ans par ses multiples aventures. Têtu, il finit par obtenir gain de cause et intègre la reconnaissance aérienne où il s'illustre de façon héroïque. Après un bref exil à New York, il reprend du service à la fin de la guerre. Il décolle pour la dernière fois de Corse le 31 juillet 1944... et ne reviendra jamais. 54 ans plus tard, en 1998, deux pêcheurs retrouveront en mer la gourmette qu'il portait ce jour-là.

Les plus : quelques pages documentaires à la fin sur l'évolution de l'aviation, les pilotes célèbres, les oeuvres écrites par Saint-Exupéry et une chouette illustration décrivant la cabine de pilotage de l'avion qu'il pilotait quand il a disparu.

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Les exploits de l'Aéropostale

Philippe Nessmann, éditions Flammarion jeunesse, 2022 - 6,20 euros.

Pour qui ? : À partir de 9 ans (et même pour les parents !)

Résumé : On a littéralement adoré ce livre pour son histoire extraordinaire, sa progression haletante et sa qualité d'écriture. C'était une découverte : je n'avais jamais eu connaissance du destin tragique de Guillaumet, un aviateur flamboyant, dont la volonté et la détermination forcent l'admiration. Voici son histoire :

Dans les années 30, l'Aéropostale ouvre des lignes en Amérique du Sud, notamment entre Santiago du Chili et Mendoza en Argentine, d'où le courrier part pour l'Europe. Mais pour relier les deux villes, il faut traverser la Cordillère des Andes, des montagnes redoutables...

Henri Guillaumet a intégré l'Aéropostale en 1926, après son service militaire. Il connaît bien Mermoz et Saint-Exupéry, avec qui il travaille. On lui confie en 1929, ce difficile tronçon de route aérienne au-dessus des Andes, un obstacle naturel qu'il franchira pas moins de 396 fois ! Le vendredi 13 juin 1930, il décolle donc de Santiago à bord de son Potez 25. Mais cette fois, rien ne se passera comme prévu. La météo est exécrable : la veille, il a déjà tenté de passer les montagnes, sans succès. Alors il s'acharne : au lieu de prendre par le nord, il opte pour un route au sud, une décision funeste. Pris dans une tempête de neige, sans visibilité, il cherche un passage dans la montagne pendant plus de deux heures. À cours de carburant, il fait un atterrissage forcé. Le voilà seul, au milieu de nulle part. Il s'enveloppe dans son parachute et attend. Au bout de trois jours, il aperçoit dans le ciel un avion parti à sa recherche. Mais ce dernier ne le voit pas, l'espoir s'évanouit. Il n'y a plus qu'une solution pour survivre : partir à pied. Il entame alors une longue et terrible marche dans le froid, muni d'une simple valise et de quelques vivres. Malgré la fatigue, il se force à ne pas dormir, résiste aux morsures du froid, aux blessures. Au bout de cinq jours et quatre nuits, enfin, il approche de la plaine et est recueilli par un adolescent et sa mère. Un exploit inimaginable. À l'arrivée des secours accompagnés de Saint-Exupéry, il déclare : « Ce que j'ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait ». Par la suite, il n'arrêtera jamais de voler, pour la jeune compagnie Air France, puis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il disparaît en 1940, abattu par un chasseur italien au-dessus de la Méditerranée.

Au-delà du contenu, on a beaucoup aimé l'écriture de Philippe Nessmann et la construction de l'intrigue. Dans la première partie, on fait connaissance avec Henri Guillaumet au travers des récits de son frère aîné, René, et de Jean Mermoz, puis on assiste au désarroi de ses camarades, qui ne le voient pas revenir ce 13 juin 1930. La tension est à son comble. Il faut attendre la deuxième partie du roman, racontée cette fois par Guillaumet lui-même, pour comprendre ce qu'il s'est réellement passé et vivre avec lui son effroyable odyssée. C'est un roman inspirant, qui plaira à tous les petits aventuriers !